Depuis 2022, Laurence Robbe s’est reconvertie dans le métier de saunier* à Noirmoutier (Vendée) et ratisse, las en main, son marais salant Les Cholleaux. Âgée de 54 ans, l’ancienne Parisienne a quitté le monde de la cosmétique pour embrasser celui du sel. Nous l’avons rencontrée dans son environnement.
Comment êtes-vous devenue saunière ?
J’ai eu un gros déclic il y a quelques années alors que je travaillais pour de grosses entreprises dans la cosmétique : je me suis faites licencier à cause de mon âge, trop élévé. Alors, j’ai voulu exercer une profession dans laquelle je ne dépendrais que de moi-même et c’est pour ça que je suis venue à Noirmoutier, seule dans mon marais !
En tant que saunier, on est héritier d’une certaine tradition ?
C’est une profession qui est exercée depuis des siècles sur l’île. C’est tout un savoir-faire ! Ma friche n’avait pas été utilisée depuis 70 ans. C’est donc une histoire qui renaît !
Comment s’est passée votre installation ?
Ce n’était pas facile car je ne connaissais pas parfaitement le métier. Je venais de Paris et mes confrères noirmoutrins me le reprochaient et pensaient que je ne passerais pas l’hiver. Mais je suis encore là ! Je me suis adaptée aux conditions du métier et j’ai été aidée par le propriétaire de mon terrain qui m’a formée.
La relation avec les autres sauniers s’est-elle améliorée par la suite ?
C’est un petit milieu à Noirmoutier. Sur l’île, on est une centaine à exercer ce métier. On échange souvent entre nous pour savoir où est-ce que l’on en est de nos récoltes. On se donne aussi des surnoms. Tout le monde en a un, mais on ne le choisit pas… (rires) Quand je suis arrivée on m’a appelée « la pépette des marais » car je venais de la capitale ! Aujourd’hui, ils m’ont pris au sérieux et ils me surnomment « l’ingénieure » !
Quelle est la condition physique requise ?
C’est un métier très physique. Il faut être en forme ! J’ai de la chance car je suis sportive. J’ai notamment couru plusieurs marathons – dont celui de New York. Et, nous avons des outils modernes, en fibre de carbone, qui est plus légère que le bois utilisé auparavant. Mais, être saunière reste une activité délicate et ça travaille beaucoup sur le dos notamment.
Comment vous adapter au climat ?
On est très dépendant de la météo. Si la saison n’est pas bonne, nous n’avons pas de récolte. Ça m’est arrivé de ne rien ramener et ce n’est pas évident. Mais en moyenne, on arrive tout de même à récolter entre 500 et 800 kilos de sel par jour.
Propos recueillis par Lilian Ballu
*Au sud de la Loire, on nomme les artisans du sel “sauniers” quand au nord, on les appelle “paludiers”.