Le starter pack de Monsieur Mouch à été fait entièrement bricolé à la main © Mado

Nantes : un artiste réinvente le starter pack et ça, sans IA

Alors que les « starter packs » générés par intelligence artificielle envahissent les réseaux sociaux, Monsieur Mouch, artiste, auteur, bricoleur et conteur nantais, a décidé de créer le sien à la main, sans IA.

Depuis quelques semaines, les réseaux sociaux se remplissent de « starter packs ». Le principe ? Se représenter sous forme de figurine façon jouet, dans une boîte virtuelle avec ses objets fétiches : guitare, livre préféré, vêtements… Le tout généré par intelligence artificielle en quelques secondes. Tout le monde s’y met. Tout le monde, sauf Monsieur Mouch.

Notamment connu pour plusieurs spectacles (West Cat Story, L’Affaire Grand Méchant Loup), il a lui aussi choisi de tenter l’expérience, mais sans IA« J’ai vu des tas de gens dans le milieu culturel partager leur version. Je me suis dit : c’est marrant, mais plus personne n’essaie de le faire lui-même. Ce n’est même plus original. »

Alors, pas question pour lui de cliquer sur un générateur automatique. Avec l’aide de sa fille Mado, 16 ans, il a imaginé son propre starter pack qu’il a ensuite publié sur ses réseaux sociaux. « Elle m’a pris en photo de haut, avec quelques objets du quotidien. On a voulu mettre du cellophane autour, façon boîte, mais ça n’a pas marché comme prévu. Du coup, on a fait sans, à la rache. »

Un impact oublié

Derrière cette création, Monsieur Mouch soulève tout de même une question. « Chaque image générée par IA consomme de l’énergie. On a tendance à l’oublier, mais c’est loin d’être neutre. Avant de lancer ça par réflexe ou par facilité, c’est bien de se demander si c’est vraiment nécessaire. » 

Il n’est pas contre l’idée de s’aider des outils numériques, il a même tenté de créer une affiche faite en IA pour l’un de ses spectacles. Mais selon lui, il faut rester vigilant sur l’usage qu’on en fait.

L’affiche faite entièrement en IA pour son spectacle l’Affaire Grand Méchant Loup © Monsieur Mouch

Une étude du Washington Post et de l’Université de Californie rappelle d’ailleurs qu’un simple mail de 100 mots rédigé par ChatGPT consommerait l’équivalent de 519 millilitres d’eau, soit un peu plus qu’une petite bouteille.

Un chiffre qui peut sembler anodin, mais qui, à l’échelle des millions d’utilisations quotidiennes, devient conséquent.  « Ce n’est pas rien, et on en parle assez peu. Si tout le monde fait ça pour le moindre truc, on va vite se retrouver à devoir construire des centrales nucléaires. »

Privilégier l’humain à l’IA

Pour Monsieur Mouch, l’IA a sa place, mais elle ne remplace pas l’humain. « Créer, ce n’est pas juste assembler des choses. C’est aussi avoir un point de vue, une intention. L’intelligence artificielle peut aider, mais elle n’a pas d’idées. C’est comme demander à quelqu’un qui n’a pas le sens de la fête d’animer une soirée, ça peut vite être long. »

Alors, l’IA et l’art sont-ils compatibles ? « C’est possible si on fait l’effort de garder la main, de faire un pas de côté ou de ne pas se laisser enfermer dans ce qui est facile. Sinon, on risque de perdre ce qu’il y a de plus vivant et personnel dans la création. »

Avec son starter pack bricolé maison, Monsieur Mouch prouve qu’on peut toujours s’amuser à inventer autrement. Et c’est sûrement ça qui compte le plus.

Evan Brehier

Le Fil Info

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