En pleine conférence des diasporas nantaises. M.C

Quand les voix du monde ont un même horizon à Nantes

Des regards venus de Palestine, d’Afrique ou de Catalogne ont résonné ce samedi 27 septembre au centre des Expositions à Nantes. Très loin est l’idée de diviser, la diversité est apparue comme une source d’inspiration… et la journée s’est transformée en laboratoire du vivre-ensemble.

En franchissant les portes du centre des expositions, le visiteur découvre deux colonnes de drapeaux colorés du Cameroun, du Sénégal ou de la Palestine. L’image traduisait déjà l’esprit du jour : dépasser les frontières pour construire ensemble. Une rencontre qui n’était pas une simple cérémonie symbolique, elle venait clore un cycle de consultations et de réflexions menées depuis plusieurs années ; ce qu’à d’ailleurs rappelé Isabelle Palanchon, co-directrice d’ESEMEA Pays de la Loire. Elle a expliqué que l’objectif était de formaliser des recommandations pour la mairie et d’imaginer des projets permettant de prolonger l’élan collectif. “On clôt un cycle et on formalise des recommandations pour la mairie”.

Quand on vient d’ailleurs

Pour Yasser Abou Zeine, ingénieur palestinien et volontaire du Corps européen de solidarité, la promesse de construire des ponts entre les cultures prend tout son sens. À Nantes, il travaille avec les enfants, les femmes et les jeunes, cherchant à enrichir son expérience : “Ici, je viens acquérir de l’expérience. Quand je rentrerai, j’aimerais mettre en place de nouveaux projets pour mon pays.” Communiquer en anglais, alors qu’il ne parle pas français, souligne son effort pour créer ce lien entre Nablus et Nantes.

La culture sert parfois de ciment. Etoumbé Marianne, dite Mouna, responsable de l’association Héritage IMA, a rappelé l’importance de partager les savoir-faire africains. Son festival Waxmania a longtemps promu la mode africaine et aujourd’hui, elle voulait faire découvrir d’autres matières : “On ne peut pas mener des actions à terme si on n’est pas en contact. Finalement, on va tous dans la même direction”.

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La solidarité internationale s’est mêlée au concret avec Kane Kadiatou de l’association Dioka Dioki. Elle coordonne des échanges scolaires entre Nantes et la Mauritanie et rêve de construire un centre socio-culturel pour les enfants défavorisés. “Avant de me sentir africaine ou mauritanienne, je suis toujours française. On essaie d’apporter autant de choses à la France qu’aux autres pays”. Son engagement prouve que l’action locale et internationale peuvent effectivement faire la paire.

On est migrant un jour, mais on n’est pas migrant tous les jours.

La rencontre a dépassé bien plus que les frontières. Mawa Ndiaye, président de la coordination des associations sénégalaises de Catalogne, a rappelé que l’on peut vivre une citoyenneté multiple : “On est migrant un jour, mais on n’est pas migrant tous les jours. On vit ici comme citoyens français, mais on reste connectés à nos pays d’origine”. Joan Rivas, représentant du Fonds catalan de coopération, a ajouté une dimension pratique. Il accompagne les associations pour les aider à gérer leurs projets, à remplir des dossiers et à se connecter aux réseaux européens : “Cela nous permet de mieux comprendre la réalité des diasporas en France”.

Tout au long de la journée, la diversité s’est exprimée à travers les échanges, les rires et les langues mêlées. L’adjoint à la maire de Nantes, Alassane Guissé, qui n’hésitait pas à mettre la main à la pâte, a rappelé l’importance de l’engagement des diasporas face à la montée des extrêmes. “Quelle solution pour le vivre-ensemble, dans un monde où l’on perd la culture du métissage et de l’ouverture ?” La réponse s’est dessinée dans les ateliers, les projets et la conférence, où chacun a participé activement à bâtir un avenir commun. Dans la solidarité, Nantes apparaît comme un laboratoire du vivre-ensemble, lieu où les diasporas façonnent, brillent et voient leur futur.

Maxime COSMAI

Le Fil Info

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